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OCS – SAMEDI 7 SEPTEMBRE À 23 H 10 – FILM
Onze ans après Titanic (1997), le réalisateur britannique Sam Mendes réunissait Kate Winslet et Leonardo DiCaprio pour les marier dans une banlieue américaine, en 1955. Les Noces rebelles n’a en commun avec son illustre prédécesseur que le fait d’être le récit d’un naufrage. La cruauté du scénario – adapté d’un roman de Richard Yates (La Fenêtre panoramique, Robert Laffont, 1961) – est aiguisée par l’aura romantique qui entoure le couple de vedettes.
Le terme de récit n’est d’ailleurs pas tout à fait exact. Même si le scénario suit – à quelques retours en arrière près – la chronologie de ce mariage, son découpage presque théâtral en séquences symptomatiques rapproche plutôt Les Noces rebelles de la dissection.
Le film commence par la rencontre entre April et Frank Wheeler dans une soirée de la bohème new-yorkaise. Elle est belle et voudrait être actrice ; il est beau et ne sait pas quoi faire de sa vie. A la séquence suivante, on les retrouve quelques années plus tard. Elle est sur scène entourée d’amateurs, face à un public de voisins et d’amis qui se forcent à applaudir. Après le spectacle, Frank tente de consoler April, avant de railler ses piètres talents.
Les Wheeler, réfugiés, parce qu’elle était enceinte, dans une petite ville du Connecticut, se sont promis de ne jamais devenir comme leurs voisins. L’échec d’April les rappelle à leurs promesses, et la jeune femme, qui a maintenant deux enfants, conçoit le projet de partir pour Paris, rêvée comme la ville de tous les possibles. L’essentiel du film se situe pendant l’été qui précède la date théorique du départ pour la France.
Le sérieux et la détermination d’April émoustillent Frank, qui s’est installé dans un métier bien au-dessous de ce qu’il estime être sa stature intellectuelle. L’agitation des deux personnages, qui sentent la vie se refermer sur eux, a quelque chose de dérisoire. Pourtant, Sam Mendes les filme sans ironie, gommant les traits de comédie. Les scènes d’extérieur sont baignées d’une lumière estivale, les intérieurs sont d’autant plus doux que les blessures qu’on s’y inflige sont saignantes. Le rythme est posé, les paroxysmes ne surviennent qu’une fois égrenés tous les signes annonciateurs.
La précision de médecin légiste qu’affectionne le réalisateur porte en elle le risque de la froideur, du désengagement. Les Noces rebelles se préserve de ce danger grâce à ses interprètes. Un tout petit peu empâté, DiCaprio ne fait rien pour sauver un personnage indéfendable. Kate Winslet ne fait pas pour autant d’April une martyre sur l’autel du patriarcat. Au générique de fin, il ne reste plus rien du souvenir des amants de Titanic, seulement un goût de cendres. C’est peut-être la vraie raison d’être de ce film.
Les Noces rebelles, film de Sam Mendes (EU, 2008, 125 min). Avec Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Kathy Bates, Michael Shannon. Sur MyCanal jusqu’au 31 décembre.
Thomas Sotinel
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